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l'Advision Julie
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11 février 2010

Quand la France hait sa jeunesse

Vous avez suivi ça ? La grande mode dans les rues de notre beau pays, c'est le port des menottes. Oui c'est radicalement plus tendance que la burqa, assez humiliant pour être austère, mais plus aérien, plus modestement couture, bref c'est d'un grand chic! C'est même un rien excitant pour l'observateur pervers de voir ces gamines de 14 ans secouées par la police et entraînées en jogging jusqu'à leur tanière. On les menotte, on les rabroue, on leur prédit que la garde à vue va se prolonger. Et cela doit être délicieux de suivre combien ces visages d'effrontées deviennent des images d'une docilité dont vous vous sentez l'auteur. Il est vrai qu'une enfant de 14 ans qui participe à une bagarre d'école mérite cette attention splendide, mérite qu'on lui construise cette leçon de vie. Qu'il est agréable aussi de penser qu'une enfant cueillie aux aurores pour passer des heures au poste se liquéfie, en sueur, dans son jogging parfumé des odeurs de la nuit. Les menottes, la sueur, la panique de l'enfant, je vois très bien ça : on ne change pas les fondamentaux de la perversité.

Mais il y a mieux. Notre police aime aussi ramasser les petits garçons. Ceux dont il s'agit ont présenté aux contrôleurs d'un bus une carte d'abonnement invalide, et la police les a arrêté pour vérification d'identité. Menottes. Cela se passe à Troyes. Ils ont 13 et 14 ans. Sans conteste, de sales petits contrevenants. Des gangsters. Oh oui je crois que cela a sûrement représenté un moment très jouissif pour les policiers de passer les menottes à des enfants, cette fois de sexe mâle. Il y a parfois des entraves qui sont de douces caresses.

menottes

Qu'est-ce que je te serre ?

Les petits filles et les petits garçons de France sont de hargneux sauvages. Chacun sait que l'adolescence française, comparée à l'américaine, à la colombienne ou à celle de nimporte quel pays du vieux continent est assoiffée de sang. Mais l'usage des menottes sur la voie publique va assurément résoudre les problèmes ! Le soir, dans son grand cahier, la police fait le compte. Humm, une bonne journée : pas mal d'arrestations, un jeu incessant de menottes, un défilé de jogging sali par une jeunesse qui a peur. Bien sûr la police pourrait de préoccuper des dealers, des trafiquants de grande envergure, des réseaux quasi mafieux qui se propagent trop souvent dans les banlieues. Mais la France est une nation prudente. On ne veut pas de sales histoires, on joue avec les apparences et au lieu de faire respecter la loi elle préfère faire tinter aux yeux des enfants de la rue le bijou bling bling de la répression, comme un malfaisant hochet.

Quel poème aurait pu écrire Prévert sur ce sujet?

 

___

 

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Commentaires
J
Merci Jonathan d'avoir pensé à ce poème de Prévert... un peu trafiqué ! Quand je vous dis que les lecteurs de ce blog sont fins et cultivés !
J
Peindre d'abord une cage<br /> avec une porte ouverte<br /> peindre ensuite<br /> quelque chose de brillant<br /> quelque chose de rond<br /> quelque chose de clinquant<br /> quelque chose d’attractif<br /> pour l'enfant<br /> placer ensuite la toile contre une voiture<br /> dans une rue<br /> dans un banlieue<br /> ou dans une école<br /> se cacher derrière la voiture<br /> sans rien dire<br /> sans bouger...<br /> Parfois l'enfant avoue vite<br /> mais il peut aussi mettre de longues années<br /> avant de se décider<br /> Ne pas se décourager<br /> attendre<br /> attendre s'il le faut pendant des années<br /> la vitesse ou la lenteur afin de briser cette innocence<br /> n'ayant aucun rapport<br /> avec la réussite du tableau<br /> Quand l'enfant avoue<br /> s'il avoue<br /> observer le plus profond silence<br /> attendre que l'enfant entre dans la cage<br /> et quand il est entré<br /> fermer violemment la porte avec le pinceau<br /> puis<br /> effacer une à une toutes ses illusions<br /> en ayant soin de ne laisser aucune marques visibles sur l’enfant<br /> Faire ensuite le portrait des geôliers<br /> en choisissant leurs plus beaux uniformes<br /> pour la photo<br /> peindre aussi les pensées brulantes et les joues bien rouges<br /> la poussière de l’halogène<br /> et le bruit des bêtes en cages dans la chaleur de l'été<br /> et puis attendre que l'enfant se décide à pleurer<br /> Si l'oiseau ne pleure pas<br /> C'est mauvais signe<br /> signe que le tableau est mauvais<br /> mais s'il pleure c'est bon signe<br /> signe que vous pouvez signer<br /> Alors vous arrachez tout doucement<br /> une des plumes de l'enfant<br /> et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
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